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Return to Equinoxes, Issue 9: Printemps/Eté 2007
Article ©2007, Maria Moreno

Maria Moreno, Brown University

DU BOVARYSME À LA CRÉOLITÉ: LE RAPPORT DES ÉCRIVAINS ANTILLAIS À LA LANGUE FRANÇAISE

Tous les Antillais ont un rapport problématique à la langue française. Lorsque j’étais à l’école, je pensais en créole. Toutes me pensées étaient en créole et lorsque la maîtresse nous interrogeait pour nous demander de nous exprimer sur un sujet, comme : "Qu’est-ce que vous avez fait ce week-end ?"…, [on] mélangeait les deux langues et il y avait des fautes de français. À l’époque, lorsqu’on faisait une faute…, on était poursuivi dans la cour de l’école par toute une meute d’enfants qui se moquaient de nous parce qu’effectivement, ne pas maîtriser le français était le signe d’une sorte de nègrerie, de basse condition. Donc, il fallait, pour être quelqu’un, pour exister et briller, maîtriser la langue française. Tout le monde avait une peur terrible de faire ce qu’on appelle « un carreau », c’est-à-dire de créoliser. Ce qui fait que j’avais beaucoup de problèmes à m’exprimer oralement en français mais je compensais cela par une écriture très appliquée en langue française 1.

Les mots cités ci-dessus appartiennent à Patrick Chamoiseau, l’un des écrivains martiniquais les plus reconnus des deux dernières décennies. Le souci linguistique qu’il y exprime s’avère symptomatique de la classe intellectuelle de son pays et peut facilement s’appliquer, par extension, à l’actualité littéraire des autres îles de la région. En effet, il n’est pas osé de dire que, dès ses origines, la littérature caribéenne d’expression française a témoigné d’une certaine ambivalence 2 face à la langue dont elle se sert. Mélange d’admiration et de résistance, le rapport des romanciers antillais au français - langue du colonisateur - est un rapport essentiellement problématique.

La cause de cette ambivalence que nous venons d’évoquer n’est pas un mystère. Si, comme l’ont affirmé nombre d’intellectuels y compris les écrivains eux-mêmes, l’activité littéraire aux Antilles a pour objet primordial le fait national. Si, pour eux, dire je équivaut vraiment à dire nous, de quel nous parlent-ils lorsqu’ils écrivent en français ? À quel type de public s’adressent-ils ? Métropolitain ? Européen ? Antillais ?

De toute évidence, la réponse ne sera pas la même si nous parlons de la période coloniale ou du XXIe siècle. Ne nous faisons pas d’illusions par rapport au passé : ce tiraillement entre le français et le créole qu’éprouvent les écrivains contemporains n’est pas du tout ressenti par leurs homologues du temps de l’exploitation de la canne à sucre. Dans cet essai, il s’agira d’étudier cette relation problématique en examinant certains moments importants de l’histoire de la littérature antillaise. À travers cet examen, j’espère montrer comment la réalité diglossique de la région est parvenue à transpercer progressivement le texte francophone.

Dans les premiers temps, la production littéraire antillaise est rare et limitée aux écrits des Blancs créoles. Ces ouvrages manifestent un évident mimétisme envers la littérature de la métropole. Parmi ces écrivains, la distance d’avec la mère patrie déclenche un besoin d’être "plus français que les Français de France". Pourtant, expliquent Chamoiseau et Confiant dans Lettres créoles, « comme les nouvelles devaient traverser la mer », les colonies françaises de la Caraïbe eurent toujours « une longueur de retard : Parnasse  suranné, symbolisme attardé, romantisme de seconde main, en bref, une écriture de chrysocale au travers de laquelle on se projette hors de son monde et hors de soi 3 ». Le plus souvent, cette projection « hors de son monde et hors de soi » s’avère un déplacement au sens littéral du terme. En effet, la plupart des écrivains martiniquais ou guadeloupéens du XVIIIe et XIXe siècles quitteront les îles pour ne plus jamais revenir, et ils ne semblent en garder aucun regret, car l’univers antillais ne figure que très rarement dans leurs écrits.

Le rapport de ces premiers écrivains antillais à la langue française constitue un véritable rapport d’idolâtrie. À cet égard, la littérature ne fait que refléter une composante importante de la mentalité créole de l’époque, que Jack Corzani décrit dans les termes suivants :


Au risque de commettre un anachronisme, nous dirons, pour employer un terme mis en honneur par la critique haïtienne de la fin du XIXe siècle, que la mentalité créole fut  toujours hantée par le "bovarysme", par cette insatisfaction provinciale et cet attrait des horizons lointains, ce désir invincible et morbide de la "vraie" vie comme de la "vraie" patrie 4.

Une deuxième phase est incarnée par la production d’un nombre d’auteurs que la critique a surnommés « doudouistes », du fait de la représentation stéréotypée qu’ils donnent de l’univers antillais dans leurs œuvres 5.  En effet, si le paysage caribéen prend une place importante au sein de la poésie régionaliste de la fin du XIXe et début du XXe siècles, il s’agit d’une peinture idyllique et artificielle, frappée par cette extériorité que dénoncera plus tard la critique. Le langage et le style n’en restent pas moins soumis à la pulsion mimétique des premiers temps. Ces vers du blanc créole Daniel Thaly en témoignent :


Mon âme est un îlot qu’enguirlandent des fleurs
Terre miraculeuse aux corolles dorées
Dont le site rave, peuplé d’oiseaux siffleurs,
Se reflète aux remous limpides des marées…

Et le doute cruel en dépit des saisons
Fera germer les fleurs du Mal, les fleurs de Vie
Et les fleurs de souffrance, ivres de pâmoisons
Sève mélancolique et corolles d’Envie6

Il n’est pas convenable de tomber dans des généralisations réductrices. Cependant, il devient évident en lisant ces auteurs que, dans la plupart des cas, leur intérêt régionaliste obéit moins au désir de se différencier de la métropole qu’au besoin de suivre la mode exotisante des mouvements littéraires européens de l’époque. Ceci explique peut-être le manque de profondeur et d’attachement véritable à la réalité antillaise dans cette poésie : pas de Noirs, donc pas de racisme ou d’autres problèmes sociaux. En effet, Corzani regrette, « [t]out se passe comme si les éléments disgracieux se trouvaient magiquement escamotés pour ne laisser que l’image d’un éden parfait, propice aux amours blanches du poète et de sa Sylphide… » (61)

L’œuvre d’Aimé Césaire constitue un troisième stade fondamental dans l’histoire de la littérature antillaise. Faute de temps et d’espace, je ne ferai pas d’étude stylistique détaillée. Je me concentrerai plutôt sur deux aspects particuliers qui ont suscité les critiques de certains de ses successeurs : son usage de la langue française et la place de la langue créole dans sa poésie.

On a souvent reproché à l’auteur du Cahier d’avoir fait usage d’un français obscur, hermétique et un peu trop châtié. Avouons-le, le vocabulaire césairien se place souvent à un niveau d’érudition et de densité sémantique qu’on ne peut pas attribuer à de simples effets aléatoires de style produits par l’écriture automatique du surréalisme. Selon certains critiques, cet emploi de langue a pour effet de mettre sa poésie tout à fait hors de la portée du peuple. Or, la littérature de la Négritude s’est toujours voulue une écriture d’invitation à l’éveil de la conscience des Noirs en général (non seulement des élites intellectuelles noires). N’y aurait-il pas là un paradoxe ?

À ce propos, Jean Bernabé suggère que ce choix correspond à une « démarche hyperbolique » visant à combler le manque dû à son ignorance des langues africaines. Selon cette vue, le poète assignerait à la langue française « un rôle procuratif, celui d’exprimer, par sa bouche, la réalité nègre, orpheline des langues de l’Afrique7 . » Je ne saurais pas me prononcer sur l’efficacité d’un tel  recours scriptural de la part du chantre de la négritude. Pourtant, il est clair que son œuvre a ouvert la voie aux générations successives vers la quête d’une identité nationale. 

Pour ce qui est de la place de la langue créole au sein de son œuvre, les critiques n’ont pas été moins acerbes. En général, on lui fait grief de ne pas avoir puisé dans la source créole, de l’avoir, en quelque sorte, méprisée. Dans Aimé Césaire : une traversée paradoxale du siècle, Raphaël Confiant prétend que Césaire a une « relation problématique avec la langue créole en particulier et avec la culture qu’elle véhicule en général. » (109) Quelques pages plus loin, il accuse ouvertement l’écrivain et ses contemporains de « créolophobie » car ceux-ci considéraient que, à l’époque où ils ont commencé à écrire, le créole était encore à un stade trop bas de développement pour pouvoir s’en servir.  Je ne m’attarderai pas sur la longue argumentation de Confiant. Je signalerai simplement que, dans son article, Jean Bernabé justifie cette absence du créole par les défaillances de celui-ci comme langue d’expression littéraire et qualifie d’anachroniques les imputations de son collègue :


Césaire… ne disposait d’aucune des langues africaines pour dire la part de l’Afrique que postulait son cri puisque ces langues ont laissé la place au créole. Par ailleurs, les nécessités biologiques qui conditionnent et accompagnent un cri sont telles que la langue créole, non encore coulée dans un moule littéraire, ne pouvait pas en être le vecteur. Césaire  n’a jamais, semble-t-il, été confronté au choix d’une langue (français ou créole). L’idée de l’imaginer devant un tel choix est un pur anachronisme 8… 

Il faudra donc attendre le roman des années quarante et cinquante pour que la langue créole commence à figurer au sein de la littérature francophone des Antilles. Dans une étude intitulée « Inscription du créole dans les textes francophones : de la citation à la créolisation », Pascale De Souza identifie trois étapes de cette incorporation : « un temps où le créole apparaît en citation uniquement, une phase d’intégration partielle du créole au français, enfin une créolisation du français. » (174) De Souza précise que ces étapes ne correspondent pas à des périodes chronologiques définies : deux auteurs écrivant à la même époque peuvent se servir de techniques différentes.

En général, les écrivains se servent de trois procédés pour la citation du créole dans le texte : l’écriture en italiques, la mise entre guillemets et l’emploi d’une note explicative. Comparons deux exemples, un passage du roman Compère Général Soleil, de Jacques Stephen Alexis :


[…] Ouoille oille oille !
Fanme nan, ô.
Fanme nan cuitte yioun pois congo
Zandolite vette tombé la dan’…1
 
1. Ouoille…
La femme ô.
La femme cuit du pois congo,
L’anolis vert tombe là-dedans 9

et un autre de Chronique des sept misères, de Chamoiseau (p. 24) :


Le métal coupait l’air avec un sifflement désagréable tandis que Félix Soleil intimait à ses ingrates : Bandes de putaines fouté likan* bôbô et saletés ! Il les poursuivit sans rémission jusqu’au Robert...

*Fichez le camp…

 

Dans l’exemple ci-dessus, l’expression n’est plus mise en italiques. Ceci marque une différence d’avec le texte d’Alexis et implique une semi-inclusion du créole. Cependant, la note explicative demeure. Selon De Souza, l’emploi de notes en bas de page ou d’un glossaire s’avère problématique, car il persisterait à « indiquer le caractère ‘autre’ du créole. » Cette observation nous rappelle les connotations politiques du choix de langue pour l’écrivain des Caraïbes : « [l]a présence de notes laisse entendre que le roman s’adresse à un public non antillais. » (179) C’est pourquoi, dans certains cas, ce procédé disparaît entièrement. Le lecteur n’est plus guidé dans la lecture et il doit se débrouiller avec la signification de certains mots ou expressions : il se trouve en tête-à-tête avec cette opacité du texte chère à Édouard Glissant.
Pour ce qui est du troisième procédé, la créolisation du texte, De Souza indique deux pratiques distinctes : celle de la « créolisation identifiée » et celle de la créolisation du texte même. Dans le premier cas, l’auteur prévient directement le lecteur. Il peut soit identifier l’énoncé même comme créole (avec des phrases du style « comme nous disons chez nous… »), soit revendiquer son appartenance au milieu créolophone par le biais d’une expression créole. C’est ce que fait Confiant dans Le Nègre et l’Amiral, lorsque le narrateur commente : « Amedée Mauville avait pour habitude de s’encanailler chaque samedi soir… avec quelque femme de tout le monde qu’il s’efforçait de choisir bleue – ce qui veut dire plus que noire dans notre parlure. » (49) La créolisation du texte même  est une pratique beaucoup plus complexe sur laquelle je ne m’attarderai pas cette fois-ci.


Maintenant, réfléchissons un instant sur la situation diglossique des Antilles, car il me semble que quelques précisions s’imposent à cet égard. Il est vrai que pour le Guadeloupéen, le Martiniquais ou l’Haïtien moyen l’imposition du français comme langue officielle entraîne des tensions qui peuvent avoir des répercussions négatives dans le quotidien. Or les intellectuels, par définition, ne sont pas des « Antillais moyens ». Ils appartiennent à une élite souvent formée en France ou ailleurs en Europe, maîtrisant parfaitement plusieurs langues. Peut-on alors dire que leur rapport problématique au français provient du fait qu’il est pour eux une langue ‘étrangère’ ?  Certainement pas. Sartre le remarquait déjà en 1948 : « Il n’est pas vrai pourtant que [l’intellectuel] noir s’exprime dans une langue ‘étrangère’, puisqu’on lui enseigne le français dès son plus jeune âge et puisqu’il y est parfaitement à son aise dès qu’il pense en technicien, en savant ou en politique. » (XIX). Pour Simone Schwarz-Bart comme pour Maryse Condé, guadeloupéennes et filles d’institutrices toutes les deux, c’est le français qui constitue la véritable langue maternelle ; le créole reste langue secondaire.


Même dans le cas d’écrivains qui ont bien vécu leur enfance en créole, leur rapport à la langue française n’est pas seulement un rapport instrumental. Il en est ainsi pour René Depestre, écrivain haïtien vivant en France depuis de nombreuses années. En 1995, il avouait parvenir « à un usage maternel de la langue française, sans aucune souffrance particulière » et avoir avec elle « les mêmes rapports naturels que ceux que le créole de mon enfance me permettait d’établir avec la pluie, le vent… » (Gauvin, p. 93)

Pour conclure, je voudrais mettre l’accent sur le fait que chaque écrivain aux Antilles a un rapport spécifique au français, et ceci se traduit en une multitude de façons de créoliser leurs textes. Certains auteurs travaillent sur le plan du lexique, d’autres sur celui de la syntaxe. Pour d’autres, il s’agit d’un processus plus compliqué, plus profond, sur lequel je ne m’attarderai pas ici. Je finirai donc en précisant que, pour d’autres encore, comme pour l’écrivain haïtien Émile Ollivier, la question du choix de langue devient mineure :


Je suis très heureux de constater que nous commençons à sortir d’une certaine vulgate…. Cela fait longtemps que cette question [« faut-il écrire en créole ou en français ? »] ne me tracasse plus. Dans mes livres, vous ne trouverez ni lexique, ni glossaire… Pourquoi ? Les questions de morphologie ne me travaillent plus ; la sémantique seule me préoccupe10

Ollivier nous rappelle que le travail d’écriture implique toujours la création d’une « langue étrange, une langue étrangère, voire délirante. » (229) Tout écrivain désire trouver son propre langage à l’intérieur de la langue, il est vrai. Mais pour la plupart des auteurs antillais contemporains, l’enjeu consiste à créer un langage qui soit universel tout en gardant sa spécificité, qui puisse parler aux siens et à n’importe qui en même temps. 

 


Maria Moreno graduated from the Universidad de Los Andes (Merida, Venezuela) with a BA in Modern Languages and Literatures (1998). Prior to coming to Brown in 2004, she received an MA in French Literature and Pedagogy from the University of Arizona (2003). Her research interests include 20th century French and Francophone literature, with a particular emphasis on Caribbean Francophone novels.


Notes:

1 Patrick Chamoiseau dans un entretien réalisé par Lise Gauvin. L’écrivain francophone, p. 35-36

2 J’emploie ici le terme ambivalence en ayant conscience de ses connotations psychologiques. À l’exception des premiers écrivains issus des Antilles (surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles), le choix du français comme langue d’expression littéraire représente pour la plupart une décision difficile, car elle implique l’abandon du créole, langue première de la société antillaise et donc un certain distancement par rapport à ce qu’Albert Memmi appelle le « public naturel » de cette littérature.

3 Lettres créoles, p. 90

4 Corzani, La littérature des Antilles-Guyane Françaises. Tome I, p. 81

5 C’est-à-dire qu’ils tombaient dans l’exotisme en représentant « certains traits de la personnalité antillaise qui étaient ceux-là mêmes que privilégiait le colonisateur. Le colonisateur voulait voir dans les îles des Antilles des pourvoyeuses de sourire et de soleil à bas prix. » (Propos de Maryse Condé dans Le roman antillais)

6 Cité dans La littérature des Antilles-Guyane Françaises. Tome II, p. 60

7 Bernabé, « De la négritude à la créolité : éléments pour une approche comparée », p. 34

8 ibid.

9 Alexis, Compère Général Soleil, p. 47

10 Ollivier, « Améliorer la lisibilité du monde ». Penser la créolité, p 229

 

Bibliographie:

Alexis, Jacques Stephen. Compère Général Soleil. Paris : Gallimard, 1955.

Bernabé, Jean, P. « De la négritude à la créolité : éléments pour une approche
comparée. » Études Françaises. Vol. 28, No. 2/3 (1992-1993) : 23-38.

Chamoiseau, Patrick. Chronique des sept misères. Paris : Gallimard, 1986.

----------, et R. Confiant. Lettres créoles : tracées antillaises et continentales de la
littérature : Haïti, Guadeloupe, Martinique, Guyane, 1635-1975. Paris :
Gallimard, 1999.

Condé, Maryse. Le Roman Antillais. 2 vol. Paris : Nathan, 1977.

----------, et M. Cottenet-Hage (eds.) Penser la créolité. Paris : Karthala, 1995.

Confiant, Raphaël. Aimé Césaire : une traversée paradoxale du siècle. Paris : Stock,
1993.

----------. Le Nègre et l’Amiral. Paris : Grasset, 1988.

Corzani, Jack. La littérature des Antilles-Guyane Françaises. 6 vol. Fort-de-France :
Désormeaux, 1978.

DeSouza, Pascale. « Inscription du créole dans les textes francophones : de la citation à la
créolisation. » Penser la créolité, 1995.

Gauvin, Lise. L’écrivain francophone à la croisée des langues : entretiens. Paris :
Karthala, 1997.

Ollivier, Émile. « Améliorer la lisibilité du monde. » Penser la créolité, 1995.

Sartre, Jean-Paul. « Orphée Noir ». Préface. Anthologie de la nouvelle poésie nègre et
malgache de langue française. Par Léopold Sédar Senghor. Paris : PUF, [1969],
1948.